Laché de Philippe

 

2014 restera à jamais gravé dans ma mémoire. Le 31 mai est le jour de mon lâcher. Le lâcher est une expérience étrange mêlant impatience et appréhension. Impatience car depuis le début de ma formation, je n’attends que ça… être lâché pour devenir pilote. Appréhension, car une fois en l’air, seul aux commandes, plus personne n’est avec moi pour me faire redescendre sur terre sain et sauf.

Le 31 mai est un jour ensoleillé avec un léger vent de Nord. La piste en opération est la 34. Aujourd’hui pas de tour de contrôle, il va falloir tout gérer. Avec Serge, j’embarque dans le Coyote (F-JVFM) pour quelques tours de piste et exercices de panne. Serge semble rassuré… bon signe, il ne faut pas jouer avec les nerfs du boss ! Après 4 atterrissages, Serge me demande d’annoncer un complet. La pression monte dans le cockpit. On descend de l’appareil et je vais remplir les documents nécessaires pour voler seul à bord. La lecture des documents rassure tout de suite… si je me plante, c’est de ma faute… ça destresse !! Un conseil aux futurs lâchés, si vous voulez rester sereins, signez sans lire, vous aurez tout le temps de le faire une fois revenu sur terre. Je ré-embarque dans le Coyote… seul. J’allume le moteur et puis je m’annonce à la radio… pour rouler au point d’arrêt 34 gauche. Jean Roch, en instruction sur le Ninja (F-JVIZ), m’annonce que la piste en opération est la 07 !! On oublie la demi-heure de vol avec Serge et les réglages sur la 34… destination la 07. Je m’aligne et je décolle avec une rapidité inhabituelle… et oui !! Les 80 kg de Serge ne sont plus là, ça allège la machine. J’effectue mon premier tour de piste. En fin de vent arrière, Jean Roch m’annonce que le vent a viré et qu’après mon toucher en 07, on repassera sur la 34. Je collationne et j’effectue ma finale avec un léger vent de travers. Je touche terre et je suis toujours vivant… je peux y retourner. Remise des gaz et je vire à droite directement en vent arrière 34. S’ensuivent 4 atterrissages en 34 dont un vrai « kiss ». Au 6ème tour de piste, Serge me dit par radio qu’il serait bon que je pense à reposer définitivement les roues sur terre. J’annonce un complet et là, les plus beau « kiss » en un an !! J’exulte, cependant bien triste de ne pas re-décoller. Je roule au hangar et quitte la fréquence. Jean Roch vient me féliciter pour le « kiss » et me signaler que j’avais laissé la ceinture passager voler au vent, coincée par la verrière. Le « cling-cling » venait donc de là !! Ouf pas de bobos au Coyote. Je m’extraie de l’appareil et bondit dans tous les sens, heureux d’avoir vécu des sensations pareilles.

Le lâcher n’est toutefois que l’aboutissement d’une formation de qualité. En une année, je suis passé entre les mains de Christian et Philippe principalement. Je les remercie énormément pour la qualité de leur enseignement. Ces derniers temps, Serge (the Boss) et Jean Roch (pilote de chasse et instructeur ULM en formation qui comptabilise moins d’heures de vol ULM que moi !!) ont pris le relais et ont achevé ma formation en corrigeant certains détails. Leurs pédagogies remarquables ont créé le déclic nécessaire pour que je me sente complètement prêt au lâcher. Merci à eux. Merci aussi à Geneviève et toute l’équipe de pilotes, élèves et instructeurs pour l’excellente ambiance du club. Enfin une pensée particulière à Rémi, instructeur avion et pilote ULM, qui m’a fait gouter et apprécier à jamais les joies de l’aviation, et à Marie, mon épouse pour sa patience et ses encouragements.

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